Le Bras Qui Ne Repoussera Pas...
Azwaw, c’est un peu la terreur des rédactions de journaux. C’est aussi un peu la mauvaise conscience de toute cette presse née dans la tourmente de la révolution d’octobre. Il sait que c’est un peu grâce à lui que cette presse existe. Au fond de lui, même s’il ne le conceptualise pas de cette manière, même s’il ne le dit pas, il sait que cette presse lui appartient quelque part, il en est d’ailleurs un des «actionnaires» légitimes même s’il ne touche pas les dividendes en fin d’année et que son nom n’est pas en bas des pages des statuts notariés. Mais qu’importe les notaires et tous les ronds-de-cuir.
Cette presse lui appartient, parce qu’il en a été un des instigateurs malgré lui, avec tous les autres gamins sortis en 1988 dans la rue affronter les chars de l’armée… même si depuis, disons-le avec toute l’humilité qui y sied, les objectifs éditoriaux des débuts ont été déroutés vers des chemins de traverses où l’équivoque le dispute souvent à l’ambiguïté. Des objectifs parfois moins glorieux que ceux pour lesquels cette presse est née dans la douleur d’une césarienne et pour lesquels Azwaw a perdu un bras. Il avait 21 ans en 1988. Le bel âge. Mais le bel âge abdique devant la puissance de feu d’une arme de guerre. C’était à Bab El Oued. Une fusillade. Une panique. Des balles en trop et un bras en moins.
SAS
(Lire la chronique de Sid Ahmed Sémiane)